|
Cécile Verhaever Ecrivain poésie |
Biographie
Une poésie classique
parfaite aux sublimes métaphores.
La vieille maison
C'est une vieille maison
Perdue au fond du bois,
Assise sur son gazon,
Elle abrite sous mon toit
Un amour qui, comme elle,
Brave les éléments.
Lorsque, sous la tonnelle,
Vont s'asseoir les amants.
Ils ont au fond des yeux
L'âme de l'autre écrite,
Un regard malicieux,
Un sourire qui invite.
Ne croyez qu'avec l'âge,
La passion s'est éteinte
Car, toujours en partage,
Se suivent les étreintes.
Et quand tombe le voile,
Sur leur doux tête-à-tête,
S'allument les étoiles
Et commence la fête.
© Cécile Verhaever
Charleroi, le 4 novembre 2002.
Camille Claudel
- terza rima-
Vous en souvenez-vous, quand
la première fois,
Tremblant de tout mon être et de toutes les fièvres,
J’entrais à votre cours, le cœur serré d’émois ?
Le désir fulgurant se pressait sur nos lèvres
Et les mots contenus dans un discours badin,
Les chairs que nous sculptions au dégoût de ces mièvres ;
Le Tout-Paris pincé, dans son esprit mondain,
Vous en souvenez-vous, nous faisait beaucoup rire ?
Et puis, entre vos doigts, mon cher Maître Rodin,
Mon corps altier et fier, dans la nuit qui soupire,
S’alanguissait soudain, meurtri de sa douleur ;
Jusqu’à la folle étreinte où portait le délire,
Où je n’étais plus moi, sous le joug modeleur
De votre corps et moi, pétris comme les glaises.
Mon âme s’envolait rencontrer votre ampleur
Au-delà de nos mers, leurs abruptes falaises…
© Cécile Verhaever
Charleroi, le 17 août 2003.
Espoir de paix
- sonnet dédié à mon
ami Jean-Charles Sébaoun pour le Yom Kippour -
L’été s’est assombri dans vos
doux yeux en pleur
La caresse du vent sur la rose en silence
Vient frôler tristement le cœur de la souffrance
Où l’Etoile agonise immolant sa Douleur
L’automne a fait chanter son exquise couleur
Trempés dans votre sang les mots ont pris naissance
Des mots venus du ciel offrant la quintessence
A ce divin parfum de votre âme et sa fleur
Dès l’aube de l’hiver la chagrine amertume
De votre cœur frileux sous la blancheur d’écume
Perle un tendre cristal empreint du souvenir
La colombe apparaît dans la lumière orange
Portant son doux rameau que la Paix va bénir
A l’âme des humains vers l’espoir de vendange.
© Cécile Verhaever
Charleroi, le 6 octobre 2003.
Fruits d'automne
- sonnet -
Un jour peut-être, Amour, me
prendrez-vous la main.
Sur le seuil de l’automne, un frais parfum nous grise,
Au bonheur de trouver notre terre promise,
Cueillerons-nous la rose et le tendre jasmin ?
Des tristes souvenirs glanés sur le chemin,
Tresserons la couronne en fleurs pour notre Eglise.
Viendrez-vous en hiver à l’âtre qu’on attise ?
Il me serait si doux de vous y voir demain !
De tous les fruits, mon Ame, ô les fruits de l’automne
Sont les plus savoureux au soleil qui rayonne,
Leur juteuse rondeur est offrande au plaisir !
Buvons à ce calice où respire l’ivresse,
A la sève se mêle un ultime désir.
Goûtons la grappe mûre en douceur de caresse.
© Cécile Verhaever
Charleroi, le 03 septembre 2003.
Second Prix au concours de poésie classique
sur le site "L'envers des rimes" de Pierre Brandao
L'étoile de David
- Sonnet dédié avec
beaucoup de respect aux victimes de la Shoah et à leurs familles, ainsi qu'à
mon ami Jean-Charles Sébaoun -
Ses yeux creusaient le noir
où l’Etoile s’endort
La peur la faim le froid brûlaient ce ventre plein
Si rond et frémissant de la vie en son sein
Le chant des déportés s’élevait dans la Mort
La nuit du grand Pardon au bout de son effort
Elle étouffa le cri sous l’effluve salin
Son regard se posa sur le peuple orphelin
Dont l’enfant nouveau né partagerait le sort
Sur la planche de bois où la douleur se couche
S’éteignait le sourire au velours de sa bouche
Le gel durcit les os l’aube grise s’enfume
Se déchira soudain la lumière du ciel
Leur Ame à l’agonie étreignait dans la brume
Le tragique Destin des Enfants d’Israël
© Cécile Verhaever
Charleroi, le 30 janvier 2005.
Veneziana
- dédié à mon ami
Veneziana [Najat] ainsi qu'à mes amis Jean-Charles Sébaoun et Stéphane
meireles -
Dans les rais de la lune,
anneau de diamant,
Tu offres ton sourire à l'espoir d'un amant,
O telle une Madone en habit de lustrine,
Tu es mystérieuse, alerte ballerine !
Sous ton loup de velours scintille le saphir,
Tu as en tes beaux yeux, portés par le zéphyr,
De ces éclats de bleu cueillis dans les étoiles,
A la candeur du ciel, par une nuit sans voiles.
Sous le pont des Soupirs, s’échangent les baisers ;
Repus de leur désir, les corps sont apaisés.
Fleurissant de satin, s’animent les ruelles
Au rythme cadencé des danseurs et des belles.
S’envolent lentement tes rêves enfantins
Vers les tours de dentelle aux accents byzantins.
Au cours de la pénombre, exhale dans la brume
La senteur des embruns sur la mer qui écume.
Le ciel s’est éclairci, Venise avec pudeur,
Sous les regards de l’aube, étale sa splendeur.
Mais la dame a perdu sa superbe insolence,
Déjà l’ombre s’enfuit tout au bout du silence...
© Cécile Verhaever
Charleroi, le 22 février 2003.